

Garibaldi n’était donc pas issu du peuple ou des basses classes, mais de cette frange sociale qui n’avait pas totalement rompu ses liens avec ses origines plébéiennes et qui entendait marquer sa différence par un environnement socioculturel plus intense. Les trois maîtres de Giuseppe jouèrent de ce fait un rôle déterminant dans la formation de la personnalité du jeune homme. Le prêtre Giaume, de qualité scientifique reconnue, manqua d’autorité sur son jeune élève, ce qui amena Garibaldi à porter à la fin de sa vie un jugement particulièrement dur sur le préceptorat clérical : «Je crois que l’infériorité physique et morale de la race italienne provient surtout de cette coutume qui consiste à donner comme précepteurs aux enfants des prêtres» (cité par Max Gallo, Garibaldi, la force d’un destin; Paris, Fayard, 1982, pp. 34-35). En revanche le souvenir de monsieur Arena était beaucoup plus fort. Giuseppe lui dut en effet la connaissance de l’italien, considéré comme sa langue “maternelle”, sans négliger le français, et des rudiments d’histoire nationale portant sur la grandeur de la Rome éternelle. Or le jeune Giuseppe vivait dans une Nice troublée par les soubresauts de la fin de l’Empire et qui en 1814-1815 changeait de pays, de culture et d’histoire. L’instituteur laïc sut ainsi lui donner les moyens intellectuels pour comprendre le monde qui changeait sous ses yeux.

Figuration apocryphe de Joseph Garibaldi ecoutant monsieur Arena.
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