2.11.05

Une nouvelle biographie de Garibaldi

Nice : une nouvelle biographie de Garibaldi

Scirocco - GaribaldiLes éditions Payot-Rivages viennent de publier la traduction de l'excellente biographie d'Alfonso Scirocco, parue à Rome chez Laterza en 2001 sous le titre Garibaldi - Battaglie, amori, ideali di un cittadino del mondo. Dans sa traduction française, cet ouvrage porte malencontreusement le même titre qu'un livre publié en 1948 par Humbert Ricolfi, député et homme politique niçois né à Contes (Comté de Nice). Sans renouveler un sujet maintes fois évoqué (plus de 20 000 ouvrages consacrés à Garibaldi sont recensés), Alfonso Scirocco se pose en biographe objectif, préoccupé par la vérité historique plus que par la légende. L'exercice est difficile, voire périlleux -surtout en Italie- et Alfonso Scirocco s'en tire à merveille. Son Garibaldi se lit comme un roman et les meilleurs spécialistes du sujet pourront encore y découvrir des épisodes peu ou pas connus de la vie du "Héros des Deux Mondes". Pour Scirocco, Garibaldi a été un serviteur de la Liberté, un citoyen du monde mais surtout un "idéaliste sans idéologie". Homme vraiment exceptionnel, dont le courage, l'obstination, l'audace et la chance fascinèrent romanciers et poètes, d'Alexandre Dumas à Giosué Carducci, Garibaldi est porteur d'un rêve qui fascine encore tous ceux qui croient en la force motrice de l'idéal. Un héros universel qui, dès 1850, fut élu "homme de renommée mondiale" par The New York Daily Tribune, dépeint, en 1854 comme un "héros classique, un personnage de l'Eneïde" par Alexandre Herzen (qui, par coïncidence, est inhumé au Cimetière du Château, à Nice, à quelques mètres de la tombe de la mère de Giuseppe) , pendant que Victor Hugo voit en lui "l'homme de la liberté, l'homme de l'humanité". Garibaldi est un citoyen du monde, qui combattit de façon désinteressée pour l'indépendance du Rio Grande do Sul et de l'Uruguay, qui se battit en Italie pour l'Unité nationale et finit sa carrière de soldat en défendant la France en 1870 contre les Prussiens.

9.7.05

NICE : CEREMONIE OFFICIELLE AU MONUMENT A GARIBALDI

Depuis trois ans maintenant, l'anniversaire de la naissance de Joseph Garibaldi, le Héros des Deux Mondes, est à nouveau célébré dans la ville où il a vu le jour le 4 juillet 1807, grâce à l'action de la Fédération des Associations du Comté de Nice et, depuis cette année, du tout récent Comité International pour la Célébration des Fêtes du Bicentenaire de la Naissance de Joseph Garibaldi dont le siège est également à Nice. Malgré les orages, plus de trois cents personnes, parmi lesquelles figuraient de nombreuses personnalités locales, s'étaient donc réunies, ce lundi 4 juillet 2005, sur la place Garibaldi, au pied de la statue élevée en 1891 par Etex et Deloye. Rehaussée par la présence de la Chorale du Paillon, la cérémonie suivait le vernissage, à la Bibliothèque Louis Nucéra, d'une exposition consacrée au grand homme et à sa descendance.

8.7.05

EXPOSITION “GARIBALDI APRÈS GARIBALDI”

Exposition du 4 juillet au 27 août 2005
Nice - Bibliothèque Louis Nucéra
2, Place Yves Klein - Nice -
de mardi à samedi de 13h à 18h - Entrée libre


Exposition Joseph GARIBALDI en sa ville de Nice, à la Bibliothèque municipale Louis Nucéra.Sous l'égide de l’Institut de Recherches et d’Études Pluridisciplinaires sur le Comté de Nice et l’Europe (IREP-COME)
Une iconographie abondante et des documents inédits racontent en 25 panneaux la vie aventureuse du « Héros des deux mondes », né Français à Nice le 4 juillet 1807, mort Italien sur son île de Caprera au large de la Sardaigne, le 2 juin 1882.

1.3.05

1 - Garibaldi : un Niçois entre deux cultures


Nice (Alpes-Maritimes, France) : la maison familiale de Joseph Garibaldi, démolie en 1882.


par Hubert HEYRIES
Maître de conférences
Université Paul-Valéry/Montpellier III



Garibaldi, né français dans une ville annexée depuis 1792, devint piémontais en 1814 lorsque les Niçois, épuisés par les conscriptions et les effets du blocus continental, retournèrent avec satisfaction au royaume de Piémont-Sardaigne par la grâce du premier traité de Paris. Les souvenirs difficiles du Premier Empire, et la situation de confins de Nice, contribuèrent sans doute à ce que Giuseppe privilégiât la culture patriotique niçoise. Mais l’influence de son milieu ainsi que celle de son éducation l’orientèrent également vers la culture italienne.



L'acte de baptême de Joseph Garibaldi
conservé à l'église Saint-Martin-Saint-Augustin, dans le Vieux Nice :
L'an mil huit cent sept le jour dix neuf du mois de juillet a été baptisé par moi soussigné Joseph Marie né le quattre du courant fils du Sr Jean Dominique Garibaldi, négotiant et de Mad. Rose Raymondo, mariés en face de l'église, de cette succursale. Le Parrain a été le Sr Joseph Garibaldi négotiant, la Marraine Madlle Julie Marie Garibaldi sa soeur mes paroissiens, le parrain a signé, la marraine déclare ne savoir. Le père présent qui a signé. Mess. Félix Gustavin et Michel Gustavin témoins qui a signé.
Pie Papacin, recteur de Saint Martin



2 - Une famille aisée de Nice

Second de cinq enfants, il eut trois frères qui furent ou bien marins, ou bien commerçants (Angelo, l'aîné, marin puis commerçant à New York, finit consul de Piémont-Sardaigne à Philadelphie). Le père Domenico, petit patron de cabotage de vieille famille niçoise, et qualifié de négociant dans l’extrait de naissance de Giuseppe, aurait voulu que ce dernier devînt avocat, ou médecin. Sa mère Rosa Raimondo, piémontaise de Loano, fervente chrétienne, aurait souhaité faire de lui un prêtre. Ses parents avaient pu acquérir suffisamment d’aisance pour donner à leurs enfants une bonne instruction au point de recruter trois précepteurs, deux prêtres et un laïc, pour Giuseppe, et une nourrice pour la petite dernière Teresa, morte dans un incendie à l’âge de deux ans.

Garibaldi n’était donc pas issu du peuple ou des basses classes, mais de cette frange sociale qui n’avait pas totalement rompu ses liens avec ses origines plébéiennes et qui entendait marquer sa différence par un environnement socioculturel plus intense. Les trois maîtres de Giuseppe jouèrent de ce fait un rôle déterminant dans la formation de la personnalité du jeune homme. Le prêtre Giaume, de qualité scientifique reconnue, manqua d’autorité sur son jeune élève, ce qui amena Garibaldi à porter à la fin de sa vie un jugement particulièrement dur sur le préceptorat clérical : «Je crois que l’infériorité physique et morale de la race italienne provient surtout de cette coutume qui consiste à donner comme précepteurs aux enfants des prêtres» (cité par Max Gallo, Garibaldi, la force d’un destin; Paris, Fayard, 1982, pp. 34-35). En revanche le souvenir de monsieur Arena était beaucoup plus fort. Giuseppe lui dut en effet la connaissance de l’italien, considéré comme sa langue “maternelle”, sans négliger le français, et des rudiments d’histoire nationale portant sur la grandeur de la Rome éternelle. Or le jeune Giuseppe vivait dans une Nice troublée par les soubresauts de la fin de l’Empire et qui en 1814-1815 changeait de pays, de culture et d’histoire. L’instituteur laïc sut ainsi lui donner les moyens intellectuels pour comprendre le monde qui changeait sous ses yeux.


Figuration apocryphe de Joseph Garibaldi ecoutant monsieur Arena.


3 - Une carrière de marin qui débute à Nice



Le port de Nice au début du XIXe siècle



Garibaldi fut ainsi un homme issu de deux cultures, française et italienne, cultures qui l’amenèrent à s’ouvrir au monde et à sortir de sa ville natale. Le métier de marin qu’il choisit par la force des choses le poussa à voyager dans toute la Méditerranée.
À quinze ans, il s'engagea comme mousse, et fit son premier voyage à Odessa. Son deuxième voyage à Rome à l'âge de dix-huit ans, en 1825, en compagnie de son père et sur la tartane familiale, la Santa-Reparata, fut pour lui une révélation et une déception. La Rome des papes, exsangue, corrompue et en ruines, était bien différente de celle qu'il imaginait, mais Rome devint son obsession.
Il commença sa carrière de marin en assurant les relations avec le Levant, Constantinople ou Taganrog (port russe de la mer d'Azov). Il était un jeune homme exalté, indépendant, maîtrisant les langues, curieux. Il faisait partie de cette génération étouffée par l'ordre contre-révolutionnaire, mystique et réactionnaire imposé par le Congrés de Vienne et les grandes puissances victorieuses de Napoléon Ier, l'Autriche, la Russie, la Prusse et le Royaume-Uni, cette génération qui eut vingt ans sous la Restauration, et qui en 1830-1831 inonda l’Europe et la péninsule italienne de ses rêves et de ses espoirs romantiques.

À suivre...